Le refus de l’échec scolaire

Lundi 21 septembre 2020

Eric Dionne

La journée nationale du refus de l’échec scolaire aura lieu cette année le mercredi 23 septembre prochain. Ce sera l’occasion de faire le point sur cet enjeu de société excessivement important. Les coûts associés à l’échec scolaire sont colossaux. À l’échelle pancanadienne, on parle d’environ 40 milliards de dollars par année alors qu’au Québec les estimations sont de l’ordre d’environ 2 milliards. Ces coûts directs et indirects (criminalité, aide sociale, etc.) viennent non seulement plomber le PIB, mais engendrent des situations sociales (ex. pauvreté) qu’il est parfois difficile de quantifier. On peut donc raisonnablement penser que ces coûts sont probablement encore plus importants que ceux qui sont rapportés dans les enquêtes et les études. Pourtant, les gains de la réussite scolaire sont on ne peut plus clairs. Selon les données du recensement de 2016 de Statistique Canada, on remarque que les travailleurs de 25 à 64 ans qui n’ont aucun diplôme ont un revenu annuel moyen de 37 600$. Ce montant grimpe de 8 800$ pour se situer à 46 400$ avec la seule obtention d’un diplôme secondaire ou professionnel. Pour les travailleurs qui ont un niveau collégial ou universitaire, le revenu passe alors respectivement à 56 800$ et à 78 800$. Bref, même si on connaît tous quelqu’un qui gagne très bien sa vie sans avoir fait des études, il n’en demeure pas moins que les données sont formelles : l’éducation permet d’espérer un revenu annuel plus élevé avec un diplôme que sans. Autant en ce qui concerne la limitation des pertes que dans l’espérance des gains, tout converge vers un investissement massif en éducation afin de réduire l’échec scolaire.

 Ceci étant dit, le taux de diplomation demeure problématique dans plusieurs juridictions canadiennes, dont l’Ontario et le Québec. Selon les données publiées en 2015, le taux de diplomation en Ontario serait de 78% et de seulement 69% pour le Québec. Ces données doivent être comparées avec prudence, car il faut rappeler que plusieurs facteurs rendent la comparabilité difficile, par exemple, le cheminement scolaire, la note de passage (50% en Ontario alors qu’elle est de 60% au Québec), les exigences et la composition des groupes d’élève. Quoi qu’il en soit, on remarque que ces données sont bien loin de celles espérées à savoir d’au moins 85%. Il reste donc encore beaucoup à faire pour réduire les écarts et permettre au plus grand nombre d’élèves d’espérer une entrée plus facile sur le marché de l’emploi. Mais comment réduire l’échec scolaire ?

En 2007, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) publiait un rapport dans lequel elle émettait un certain nombre de recommandations pour une éducation plus équitable qui réduirait l’échec scolaire. Plusieurs d’entre elles me semblent encore tout à fait d’actualité 13 ans plus tard : limiter l’orientation précoce, reporter la sélection par les résultats, éliminer les voies qui mènent à des culs-de-sac, repérer les élèves qui prennent du retard et leur apporter une aide systématique, renforcer les liens avec l’école et la famille, tenir compte de la diversité et permettre l’inclusion réussie des migrants et des minoritaires, investir dans la petite enfance et dans l’instruction de base, orienter les ressources vers les élèves qui en ont le plus de besoin. Ces mesures nécessiteraient, certes, d’importants investissements en éducation. Il ne faut pas oublier qu’un bon investissement finit toujours par rapporter des dividendes. Un gouvernement qui emprunterait ce chemin serait gagnant à coup sûr.

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